Une étude à un stade encore préliminaire sur un vaccin contre le VIH a donné des résultats "encourageants". Ces résultats peuvent-ils relancer la piste vaccinale alors que la recherche a jusqu'ici échoué à mettre au point un vaccin efficace pour protéger de ce virus ?
Malgré les moyens de prévention disponibles, 1,8 million de nouvelles infections ont encore eu lieu en 2016, selon l'Onusida. Selon les experts, un vaccin resterait le meilleur moyen de mettre fin à une épidémie qui a contaminé 76 millions de personnes et provoqué 35 millions de décès depuis son apparition, au début des années 1980. "Mais à ce jour, seuls quatre projets de vaccin ont atteint le stade du test de leur efficacité clinique", a rappelé Dan Barouch, virologue et professeur à la faculté de médecine de l'université de Harvard. Les autres ont été abandonnés en phase préliminaire en raison de leur manque d'efficacité. Mais le chercheur rapporte de nouveaux résultats encourageants, lors du congrès international sur le Sida IAS 2017.
Les résultats encourageants d'un nouveau vaccin expérimental
Ce nouveau vaccin expérimental, "à double détente", utilise un banal virus du rhume pour délivrer des antigènes (des substances immunogènes étrangères créées à partir de gènes de différents sous-types du virus HIV-1, qui vont inciter le système immunitaire à créer des anticorps contre ces intrus). Ce vaccin contient également d’autres protéines qui ont pour but de stimuler le système immunitaire afin d’obtenir une réponse plus efficace et plus durable.
Testé chez 393 volontaires dans cinq pays (Etats-Unis, Rwanda, Ouganda, Afrique du Sud et Thaïlande), ce prototype de vaccin développé par le laboratoire Janssen (groupe Johnson and Johnson), a suscité une réponse immunitaire (la production d'anticorps) chez 100% des participants, selon l'étude présentée lundi lors de la conférence internationale de recherche sur le Sida, à Paris. Le niveau de réponse est comparable à celui obtenu chez des singes dans des études précédentes.
Dans une phase précédente publiée il y a 2 ans, cette stratégie avait permis d'empêcher l'infection chez les deux tiers des primates, a rappelé Dan Barouch, virologue et professeur à la faculté de médecine de l'université de Harvard. "Bien sûr, on ne sait pas encore si ce vaccin protègera les humains. Mais, ces données justifient de mener une étude d'efficacité à plus grande échelle", a-t-il estimé.
Vers une étude à plus grande échelle
"Ces données prometteuses, combinées aux avancées d'autres chercheurs dans ce domaine, nous autorisent à être de nouveau optimistes quant à la possibilité de développer un vaccin contre le VIH", a estimé le Pr Dan Barouch, membre de l'équipe de recherche, au cours d'une conférence de presse. Après une nouvelle évaluation, la phase suivante des tests sur des participants présentant un risque élevé de contamination par le VIH, pourrait débuter "fin 2017 ou début 2018", dans des pays du sud de l'Afrique, a indiqué dans un communiqué le laboratoire Janssen.
Mettre au point un vaccin sera "très difficile", mais un succès "bouleverserait le paysage", a expliqué à l'AFP Anthony Fauci, directeur de l'Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), un organisme public de recherche américain. "Même si on obtient une efficacité de 50% à 60%, (...) cela aurait un impact majeur sur la pandémie", a-t-il ajouté. Un autre vaccin expérimental, baptisé HVTN 702, fait actuellement l'objet d'un essai clinique à grande échelle en Afrique du Sud.
Source : Doctissimo