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 METHODES CONTRACEPTIVES: Des utilisatrices piégées

 

Dans la planification familiale, plusieurs méthodes sont utilisées par les femmes pour espacer les naissances. Dans cette panoplie de méthodes, nous avons celles traditionnelles et modernes, mais le libre choix est laissé aux utilisatrices en rapport avec ce qui leur convient. Cependant, certaines utilisatrices font face à des déprogrammations quant à l’utilisation de ces méthodes. Il arrive qu’elles piquent, de façon inattendue, des grossesses.

 

Mariam Bélem, sage-femme à l’hôpital de Bogodogo à Ouagadougou, lors d’une interview, nous confiait qu’aucune méthode contraceptive n’est efficace à 100%.  Plusieurs femmes ne diront pas le contraire.  C’est le cas de Latifatou Yambékoudougou, (nom d’emprunt). Mariée, 43 ans et mère de 3 enfants, Mme Yambékoudougou, dès le 45e jour de son accouchement à l’hôpital Saint Camille de Ouagadougou, est sous contraception. Que s’est-il passé ? Dame Latifatou s’est fait prendre en charge à l’Association burkinabè pour le bien-être familial (ABBEF). Son choix est vite porté sur le stérilet pour une durée de 5 ans, car avec son mari, ils avaient décidé de stopper les naissances jusqu’à nouvel ordre.  Seulement, elle est trahie par sa méthode. Une grossesse non-désirée, c’est ce à quoi elle est confrontée, 3 ans après l’utilisation du stérilet. Voilà que Mme Yambékoudougou est face à un dilemme. Alors que faire ? Avorter à l’insu de son mari ou lui dire la vérité qui, sans doute, causera des problèmes dans son couple ? Son mari lui avait demandé, après leur 3e enfant, de prendre toutes ses précautions pour ne plus tomber enceinte. Des pleurs qui n’en finissaient pas à longueur de journée et petit à petit, la grossesse fait surface. Furieux et  désemparé, son mari, informé de la nouvelle, décide de divorcer de sa femme qui, selon lui, lui désobéit en contractant une grossesse. Il a fallu l’intervention des sages-femmes  pour que le mari de Latifatou revienne sur sa décision. « Personnellement, je ne savais pas que ces méthodes contraceptives n’étaient pas efficaces à 100%. La sage-femme qui m’a placé le stérilet m’a même rassurée que c’est une méthode très efficace et que c’est quand j’aurai envie d’avoir un autre enfant que je pourrai venir l’enlever », nous raconta-t-elle en larmes, avant d’accuser les agents de santé de ne pas jouer parfois leur rôle d’information et de sensibilisation.

Synthia Kaboré, 33 ans, elle est mère d’un enfant. Elle vit en concubinage avec Z.T. Voulant s’assurer de sa relation avec son concubin avant de contracter une grossesse, elle s’est mise sous contraception. Sa méthode de choix est l’implant qu’elle a placé en 2018 pour une durée de 3 ans. Dans la salle d’attente du service de Santé maternelle et infantile (SMI) ce 12 septembre, elle était assise, toute pensive, sur un banc à la suite d’autres femmes. A son tour de consultation, il a fallu l’interpeller plusieurs fois avant qu’elle ne réagisse. Une de ses sœurs qui l’accompagnait, nous fit savoir que Synthia est tombée enceinte, malgré la contraception. Elle est donc désemparée par sa situation, car elle souhaitait se marier avant de prendre une grossesse.

 

Des avis partagés, les agents de santé accusés

 

Une des femmes au fond de la salle, la quarantaine bien sonnée avec une grossesse d’environ 6 mois, va ajouter, amère : « si vous vous fiez à ces trucs de Blanc, vous aurez toujours des problèmes non seulement de santé, mais aussi avec vos conjoints. J’ai été plusieurs fois sensibilisée pour utiliser ces méthodes, mais je n’ai jamais tenté, car il y a beaucoup de  témoignages sur les effets négatifs de ces méthodes modernes ». Et une autre, la trentaine, de nous signifier que les méthodes contraceptives modernes sont sources de problèmes. Elle ne conseille à aucune femme d’en utiliser. Kadidja, mère de 3 enfants, le nouveau-né dans ses bras, s’invite aux débats. « La contraception m’a toujours réussi. A mon premier accouchement, j’avais placé le stérilet pour 3 ans. Après, je l’ai retiré pour faire mon 2e enfant sans problème. Après l’accouchement, je l’ai encore replacé pour 3 ans avant de faire mon 3e enfant que je tiens », a-t-elle témoigné. « Si des femmes ont souvent des problèmes avec les contraceptifs, selon elle, c’est parce qu’il n’y a pas de suivi ou parce que ces dernières ne respectent pas les rendez-vous que leur donnent les sages-femmes », a-t-elle déploré.

Mais ces propos seront battus en brèche par Inoussa Bila, époux d’une femme qui a eu une mauvaise expérience avec les méthodes contraceptives. Il a pointé du doigt les agents de santé, notamment les sages-femmes qui, selon lui, non seulement n’assureraient pas un suivi adéquat  des utilisatrices, mais aussi ne  parleraient pas clairement des effets secondaires que ces produits peuvent avoir sur les utilisatrices. « J’ai failli perdre ma femme quand elle utilisait ces contraceptifs. D’abord, elle a commencé par l’implant qui ne lui a pas du tout réussi, car elle prenait trop la forme et avait tout le temps des palpitations. Après l’implant, on a opté pour le stérilet suivant les conseils de la sage-femme, mais avec ce dernier aussi, elle saignait beaucoup à longueur de journée et se plaignait de douleurs », a-t-il relevé. Inoussa a pris la décision d’utiliser des préservatifs avec sa femme lors de leurs rapports sexuels ou de pratiquer la méthode contraceptive naturelle au détriment de celles modernes.

 

Valérie TIANHOUN

 

ENCADRE

 

Béatrice Claude Sawadogo, sage-femme

 

« Comme tout produit étranger  dans l’organisme, les contraceptifs peuvent également ne pas être bien tolérés par certaines femmes »

 

Quelle définition peut-on donner aux contraceptifs en planification familiale ?

 

C’est toute méthode ou procédé visant à diminuer ou à éviter toute probabilité de conception lors d’un rapport sexuel.  En planification familiale, ce sont des méthodes  d’espacement ou de limitation des naissances.

 

Combien de méthodes existe-t-il ?

 

Il y en a plusieurs : il y a les méthodes naturelles d’espacement des naissances et celles dites modernes. Parmi les naturelles,  on peut citer, entre autres, la mama, l’observation de la température et de la glaire, le coït interrompu. Les Méthodes modernes sont : les contraceptifs oraux, les injectables, les implants, les dispositifs utérins, la contraception chirurgicale et les méthodes de barrières physiques ou chimiques.

 

Est-ce que toutes ces méthodes contraceptives sont efficaces à 100% ?

 

Aucune méthode contraceptive n’est efficace à 100%.

 

D’aucuns disent que les contraceptifs ont des conséquences négatives sur l’organisme de la femme. Que répondez-vous ?

 

Comme tout produit étranger  dans l’organisme, les contraceptifs peuvent également ne pas être bien tolérés par certaines femmes ;  d’où la surveillance que nous faisons chez les femmes sous contraception afin de vite corriger les intolérances  ou même carrément changer ou arrêter la méthode s’il le faut.

 

Des femmes sont tombées enceintes malgré qu’elles fussent sous contraception. Que répondez-vous ?

 

Oui, parce que je vous ai dit qu’aucune méthode n’est efficace à 100%. Les taux d’échec sont certes très faibles mais il en existe quand même.

 

Propos recueillis par T.V.

 

 

 

 

 

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