HYGIENE HOSPITALIERE : « Les patients et les accompagnants peuvent contracter des infections nosocomiales à l’hôpital », selon Dr Joséphine Zoungrana  

by Votre Santé Magazine

 

Le cadre de vie du malade à l’hôpital doit être propre, pour lui éviter de contracter certains germes. De même que les dispositifs médicaux doivent être bien stérilisés. On parle d’hygiène hospitalière ! Elle  est primordiale parce qu’elle épargne les malades et les accompagnants de beaucoup de désagréments. Dr Kissou Joséphine, épouse Zoungrana, pharmacien et hygiéniste, expert en prévention des infections nosocomiales, présidente de l’Association burkinabè pour l’amélioration de la sécurité des patients et le droit à la santé (ABASEP). Elle nous donne les différentes infections que l’on peut contracter à l’hôpital et ce qu’il faut faire pour les éviter.

 

« Votre santé » : Qu’est-ce que l’hygiène hospitalière ?

Dr Joséphine : C’est un ensemble de mesures collectives, systématiques ou individuelles qui permettent de prévenir les infections nosocomiales. Et les infections nosocomiales sont celles que l’on contracte lors d’un séjour dans un établissement de santé. L’hygiène hospitalière va permettre leur prévention, leur surveillance et même la lutte contre elles.

Quels sont les standards internationaux en la matière ?

Au niveau international, on a beaucoup de normes. Mais il revient à chaque pays d’adapter ces normes au niveau national. Cependant il faut savoir que dans chaque domaine de l’hygiène, il y a des normes.

Nos hôpitaux et cliniques répondent-ils à ces normes ?

Je n’ai pas fait d’étude sur la question, néanmoins, un cadre juridique existe en la matière. On a plusieurs documents qui essaient de répondre aux normes. On a le code de santé publique, on a la stratégie d’hygiène hospitalière et autres. Mais, est-ce que réellement les choses sont faites telles qu’écrites ?

A quoi s’attendre, dans un hôpital ou une clinique en matière d’hygiène hospitalière ?

Lorsqu’on va pour des soins, on s’attend à ce que toutes les conditions soient réunies. On s’attend, par exemple, à ce que les locaux de l’établissement de santé soient bien entretenus. Que tout le matériel, la lingerie hospitalière, soient bien entretenus. On s’attend à ce que les règles d’hygiène soient respectées dans la cuisine. On s’attend à ce que les déchets de l’établissement soient bien gérés pour ne pas exposer les usagers de l’établissement. Et par rapport aux soins que l’on va recevoir, on s’attend à ce que le personnel de santé respecte toutes les règles d’hygiène hospitalière, allant du plus basic qui est le lavage des mains, jusqu’aux choses plus importantes, à savoir, le bon usage des médicaments et du matériel. Malheureusement, il y a souvent des insuffisances par rapport au respect des règles de l’hygiène hospitalière.

Quels sont les risques encourus par les patients si les règles d’hygiène hospitalière ne sont pas respectées ?

 

Le principal risque est qu’il contracte une infection nosocomiale. On va dans la structure sanitaire pour être guéri, et non pour contracter une infection.

Cette infection nosocomiale est-elle grave ?

 

Toutes les infections n’ont pas les mêmes caractères de gravité. Il y a des infections qui sont courantes et moins graves. Par exemple, les infections urinaires nosocomiales sont fréquentes, mais moins graves. Par contre, on a les infections respiratoires nosocomiales qui ne sont pas aussi fréquentes, mais qui peuvent être très graves, voire mortelles. Par conséquent, la gravité dépendra de certains facteurs, à savoir, la violence du germe, l’état du patient. Mais dans tous les cas, que les infections soient moins graves ou plus graves, elles méritent d’être combattues parce que l’infection nosocomiale va augmenter la durée moyenne de séjour à l’hôpital. Ce qui va engendrer des coûts.

Quand on parle de lutte contre les infections nosocomiales, le malade doit participer à cette lutte et à sa propre sécurité. Souvent les malades et les visiteurs ignorent cela. Le patient doit éviter de manipuler les dispositifs invasifs tels que les cathéters, les sondes et les drains. C’est très dangereux pour les malades ! Aussi, les visiteurs doivent accepter qu’un malade soit en isolement. Mais quand on met un malade en isolement, tout le monde veut rentrer le voir. Là, on expose davantage le malade et on accroît ses risques de contracter d’autres infections.

 

Que faire pour rendre les hôpitaux et cliniques, y compris les laboratoires, moins dangereux ?

 

Pour rendre les structures de santé moins dangereuses, il faut que chacun joue son rôle. Et tous les acteurs, depuis le leader politique, le législateur, les autorités sanitaires, le personnel de santé, les usagers, ont un rôle à jouer. Il faut que la prévention des infections soient prises en compte au niveau de l’architecture des formations sanitaires. Il faut que la prévention des infections devienne une des priorités, sinon on y arrivera pas.

Serait-ce possible d’avoir au Burkina des hôpitaux qui feront des greffes d’organes et la chirurgie cardiaque, vu le niveau requis en matière d’hygiène, généralement et particulièrement de stérilisation ?

 

De prime abord, rien n’est impossible s’il y a la volonté. Il est vrai que le domaine des greffes est très sensible. On ne peut pas tolérer des pratiques que l’on connaît aujourd’hui. En matière de prévention des infections, nous n’avons pas à créer encore. Les normes sont connues, des procédures existent et on sait comment faire pour que telle ou telle infection ne survienne pas. Il convient seulement de créer les conditions.

Parlez-nous de votre association ?

 

L’ ABASEP, c’est l’Association burkinabè pour l’amélioration de la sécurité des patients et le droit à la santé. C’est un regroupement de professionnels de santé qui s’engage à porter sa modeste contribution pour l’amélioration de la sécurité des patients dans les formations sanitaires. L’association regroupe tous les corps de métier. Notre slogan c’est : « informer, former et accompagner » les acteurs sur la promotion de la sécurité des patients et de la santé publique. L’ABASEP est une association qui accompagne les acteurs du domaine de la santé dans la promotion de la sécurité des patients à travers le renforcement de l’hygiène hospitalière dans les établissements de soins (Privés comme publics). Elle a été créée en 2009 par des spécialistes en hygiène hospitalière et en prévention des infections associées aux soins, en chirurgie et en santé publique. L’ABASEP au Burkina Faso  et dans l’espace CEDEAO, vise le renforcement des compétences des acteurs-clés pour accroître l’impact et la pertinence de son intervention.

Avec qui travaillez-vous ?

Nous travaillons surtout avec les formations sanitaires. A ce jour, nous avons des conventions de partenariat avec des formations sanitaires de différents niveaux (publiques, privées, confessionnelles). Les structures conventionnées se sont engagées à ce que la sécurité des patients constitue une de leurs priorités.

L’ABASEP conduit des actions afin d’améliorer la performance des structures de soins pour une offre de soins de qualité et sécurisés.

L’ABASEP collabore avec  les acteurs nationaux, les collectivités territoriales, les structures de santé publiques et privées,  dans la prévention, la surveillance et la lutte contre les infections associées aux soins.

L’ABASEP développe également des programmes d’information et d’orientation des personnes ou des organisations qui s’engagent dans la promotion de la sécurité des patients et propose des solutions lors de situations urgentes, comme les épidémies et les catastrophes naturelles.

L’ABASEP travaille avec le ministère de la Santé et  les structures de soins afin d’avoir des procédures harmonisées et des outils standards de gestion de l’hygiène hospitalière.

Par toutes ses initiatives, l'ABASEP crée des passerelles entre les usagers et les établissements de soins, et porte des valeurs d’engagement, de professionnalisme, de responsabilité et d’innovation en matière de gestion de l’hygiène hospitalière et de lutte contre les infections nosocomiales.

Nous souhaitons travailler avec le ministère de l’Eau, et celui en charge de l’environnement ;

Le 2IE, l’Office National de l’Eau et de l’assainissement,  (ONEA) et bien sûr avec les associations de professionnels et les sociétés savantes (exemple la Société burkinabè de chirurgie).

La ligue des consommateurs sera un de nos partenaires de taille, car il faut dire qu’elle a le rôle régalien de sensibiliser les usagers des formations sanitaires.

Propos recueillis par Françoise DEMBELE

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1 commentaire

Ouedraogo Abdoulaye 23 septembre 2016 - 16 h 09 min

Félicitations Dr ZOUNGRANA et toute l’équipe de l’ABASEP, toujours au service des patients pour leur bien être en santé, et celui des soignants.Bravo Bravo Bravo.Ablo

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