LESIONS TRAUMATIQUES MUSCULO-SQUELETTIQUES : Pour une prise en charge efficiente

by Votre Santé Magazine

La Société burkinabè de chirurgie orthopédique et traumatologique (SOBUCOT), en collaboration avec l’Association pour l’Ostéosynthèse, section économie (AO Sec), a organisé un cours intensif du 24 au 26 octobre 2014 à Tenkodogo avec pour thème « la prise en charge des lésions traumatiques musculo-squelettiques ». Les participants, provenant de cinq régions, vont renforcer leurs compétences sur les éléments essentiels de prise en charge des lésions musculo-squelettiques des membres et de la colonne vertébrale.

Nos villes et campagnes enregistrent de plus en plus d’accidents de la route avec parfois des blessures très graves. Ces blessures, lorsqu’elles ne bénéficient pas d’une prise en charge correcte, peuvent laisser des séquelles graves telle l’amputation. De plus, dans nos régions, le traitement traditionnel des fractures demeure encore très répandu. Il se pose la question de la prise en charge des lésions musculo- squelettiques dans les centres de santé périphériques. C’est pour permettre une prise en charge satisfaisante de ces lésions que des médecins généralistes et attachés de santé en chirurgie travaillant dans les services de chirurgie des Centres hospitaliers régionaux (CHR), ou Centres médicaux avec antenne chirurgicale (CMA) des formations sanitaires des régions du Centre-Est, de l’Est, du Centre-Sud, du Plateau central, et du Centre-Nord ont participé à ces cours AO Sec. Pour le responsable national du cours, Songahir Christophe Da, c’est pour donner aux participants les éléments anatomiques, les éléments cliniques et diagnostics et surtout des éléments pratiques pour leur dire ce qu’il peuvent faire en milieu éloigné des centres de référence, ce qu’il ne peuvent pas faire et comment conditionner le patient pour l’évacuer au centre chirurgical le plus proche ou le plus spécialisé. Le secrétaire général de la région du Centre-Est, Jean- Baptiste Zongo, représentant le gouverneur de la région, a invité les séminaristes à s’approprier les différentes techniques qui seront enseignées car, si des techniques simples et efficaces existent et permettent de soigner à moindre coût ces lésions traumatiques, il est certain que les populations ne pourront qu’adhérer du fait que l’un des freins à la fréquentation des services de santé reste très souvent le coût.

Une concertation entre chirurgiens et rebouteurs est nécessaire

Les participants ont, à travers des enseignements oraux, des exercices pratiques et des ateliers de discussion, renforcé leurs capacités sur la classification des fractures et leurs traitements en fonction des plateaux techniques dont ils disposent. Ainsi formés, ils seront des relais pour sensibiliser les populations au niveau périphérique sur les risques que les malades courent en allant se faire tirer par les rebouteurs. Les praticiens affirment qu’il arrive de voir beaucoup de cas de gangrène chez des enfants, voire chez des adultes, après qu’ils soient allés voir des rebouteurs alors qu’ils avaient des fractures simples qu’on pouvait traiter à l’hôpital. Quelquefois, on est obligé d’amputer le membre fracturé rendant ainsi le patient invalide.

Pour parer à cela, Songahir Christophe Da lance un appel au niveau politique, pour qu’on puisse réunir médecins et tradipraticiens pour que ces derniers sachent leurs limites parce que, dit-il, « traiter une fracture, c’est assez difficile et quand on prend des bouts de bois et qu’on enserre, qu’on bloque la vascularisation, le membre finit par pourrir et il faut l’amputer. Quand il y a une plaie, même si elle n’est pas infectée, le fait de manipuler avec les mains nues, on finit par l’infecter et ça devient une ostéite qu’il faut mettre des années à traiter ».

Mahamadi NONKANE (Correspondant)

Encadré

Des participants s’expriment

Bassière Evariste, attaché de santé en chirurgie au CHR de Tenkodogo

« Pour ces 3 jours, nous pensons que nous allons avoir des connaissances en matière de prise en charge des traumatisés au niveau de l’orthopédie. Ces nouvelles techniques vont nous permettre de réduire les évacuations et de prendre en charge rapidement certains cas. La plupart des malades préfèrent partir chez les tradithérapeutes mais nous avons remarqué que c’est par manque de sensibilisation. C’est à nous d’apporter le message aux populations, de les sensibiliser, de leur faire comprendre qu’en réalité, elles n’ont pas besoin de faire des efforts pour aller chez les rebouteurs car juste de petits traitements au niveau du centre médical peuvent ramener le membre fracturé à l’état normal. Très souvent, elles perdent beaucoup de temps chez les rebouteurs, et dans la plupart des cas, ils reviennent avec des situations critiques et on est souvent obligé d’amputer. Donc, c’est la sensibilisation des populations qui peut nous amener à réduire ces cas. »

Dr Parfait Yonli, médecin généraliste au CMA de Garango

« Je tiens à remercier l’Association Osseuse et la SOBUCHIR d’avoir eu l’initiative de cette formation et de la délocaliser à Tenkodogo pour que notre région et les autres régions voisines puissent participer.

C’est une formation très importante pour nous, en tant que médecins et paramédicaux qui travaillons dans les structures périphériques. Les traumatismes sont de plus en plus fréquents dans nos régions, c’est une formation qui va nous donner les aptitudes et renforcer nos compétences et nos connaissances dans la prise en charge des traumatismes orthopédiques, notamment les fractures.

La difficulté essentielle dans la mise en œuvre des acquis de ces cours, c’est surtout le fait que nos structures ne sont pas équipées. Une chose est d’avoir les compétences techniques pour pouvoir mener à bien nos activités, mais une autre est d’avoir l’équipement nécessaire. La première difficulté en équipement, c’est le manque de radio, car sur le territoire national, peu de CMA disposent de radios fonctionnelles.

Donc je fais un plaidoyer pour qu’on puisse rendre disponibles les appareils de radio dans les formations sanitaires pour que nous puissions faire les premiers clichés, poser un diagnostic pour une prise en charge adéquate. »

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