VIH/Sida : Vers une trithérapie allégée à 4 jours/7

by Votre Santé Magazine

 

Chez les personnes séropositives, la prise quotidienne d’antirétroviraux permet de maintenir le VIH à des niveaux indétectables. Mais à cause des effets secondaires et de la contrainte d’une prise quotidienne, plusieurs études évaluent l’impact d’un allègement du traitement. Des données françaises semblent confirmer la possibilité de réduire les prises médicamenteuses à 4 par semaine.

Selon une étude française, il serait possible de réduire les prises d'antirétroviraux à 4 par semaine pour certains patients dont la charge virale est déjà indétectable. Les résultats de cette étude de l’Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS), ont été présentés lors de la 21ème Conférence internationale sur le SIDA (AIDS 2016), qui se tient du 18 au 22 juillet, à Durban (Afrique du Sud).

 

L’allègement de la trithérapie, un enjeu thérapeutique et financier

Aujourd’hui, les patients séropositifs doivent suivre quotidiennement leur traitement, 7 jours sur 7 sans exception. L'objectif est d’améliorer la qualité de vie des patients (en réduisant les effets secondaires), de diminuer les coûts des traitements (environ 1 000 euros par mois pour 100 000 personnes traitées en France) et d'améliorer l’acceptabilité et l’adhésion au traitement (avec par exemple la possibilité de ne pas avoir de prise pendant le week-end). Dans le monde, plusieurs essais sont actuellement en cours.

En France, l'étude ICCARRE, menée par le Pr Jacques Leibowitch du Service d'Infectiologie de l’hôpital de Garches, a donné des résultats encourageants chez des patients dont la charge virale était indétectable et dont le traitement avait été réduit à 5 puis 4 jours par semaine, voire moins pour certains d’entre eux.

Effectuée 4 jours sur 7, la trithérapie reste efficace

Afin de confirmer ces données, l’Agence nationale de recherche sur le Sida (ANRS), a lancé en 2014 un essai baptisé ANRS 162-4D. Sous la responsabilité du Pr Christian Perronne de l’hôpital de Garches, une centaine de patients ont été recrutés dans plusieurs centres cliniques afin d’évaluer l’efficacité du traitement antirétroviral réalisé 4 jours consécutifs sur 7 à maintenir une charge virale indétectable (inférieure à 50 copies/ml).

Les 100 patients inclus étaient traités par antirétroviraux en trithérapie depuis en moyenne cinq ans, et avaient une charge virale indétectable depuis quatre ans. Leurs combinaisons thérapeutiques comprenaient deux analogues nucléosidiques associés soit à un inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse soit à une anti-protéase. Après un suivi de 48 semaines, les résultats3 montrent que :

* 96 % des patients suivaient toujours le schéma 4/7 jours, avec une charge virale inférieure à 50 copies.

* Seuls trois patients présentaient une charge virale de nouveau détectable à la 4e semaine de l'étude (S4), à S12 et S40 (respectivement 785 cp/mL, 124 cp/mL et 969 cp/mL). Chez ces patients, la charge virale est redescendue sous le seuil de détection avec le retour à un schéma de traitement 7/7jours et cela sans apparition de résistances.

* Un patient a abandonné l’étude de sa propre initiative à S4.

 

Pas d’allègement sauvage du traitement

L'ANRS a initié d’autres essais pour évaluer l'intérêt de réduire les doses de médicaments, ou le nombre de prises ou encore d'épargner des classes de molécules. Attention cependant à ne pas aller trop vite, ces données ne doivent pas inciter les patients à des "allègements sauvages" de leur trithérapie, ce qui potentiellement pourrait favoriser la résurgence du virus à des niveaux plus importants, voire la survenue de résistances (principale crainte des médecins qui, selon les données actuellement disponibles, semble cependant limitée). De plus, toutes ces études sont conduites chez des patients qui ont initialement suivi un traitement quotidien pendant plusieurs mois et ont de fait, une charge virale indétectable. D’autres essais menés sur une cohorte plus importante de patients, sur une durée plus longue et avec des antirétroviraux plus récents, permettront de savoir si de nouvelles possibilités de prise en charge sont possibles. C'est l'objet de l’essai ANRS QUATUOR qui va être mené auprès de 640 patients recrutés.

Selon le Pr Jean-François Delfraissy, Directeur de l'ANRS « ces résultats nous encouragent à poursuivre nos objectifs d'améliorer la qualité de vie sous traitement et à répondre à une demande forte de certains patients de subir une moindre pression médicamenteuse ». Faut-il aujourd'hui recommander aux patients le recours au 4/7 jours en pratique courante ? « Seul un essai randomisé permettra d'approuver cette stratégie », répond le Directeur. Actuellement, les recommandations internationales vont dans le sens de l’initiation d’un traitement le plus tôt possible après la découverte de la séropositivité, quel que soit le niveau des lymphocytes CD4, et ce, de manière continue.

 

Source : Doctissimo

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